Monsieur BERGER n’a pas hésité à proposer de restituer à la Chine les statues provenant du sac du Palais d’Eté, en échange d’un exercice effectif des droits de l’Homme en Chine.
Ultime arrogance de la civilisation occidentale, une telle position, sous couvert d’un humanisme mondain, foule aux pieds les conventions internationales et permet une auto-absolution des crimes ayant permis la détention de ces biens culturels.
En effet les deux statues mises aux enchères proviennent du pillage d’un des fleurons culturels Chinois en 1860 par les armées anglaise et française, venues pour les premières introduire sur le territoire chinois le commerce de l’opium, et pour les secondes l’opium du peuple.
« Il y avait, dans un coin du monde, une merveille du monde : cette merveille s’appelait le palais d’été. (…) Un jour deux bandits sont entrés dans le palais d’Eté. L’un a pillé, l’autre a incendié. La victoire peut être une voleuse, à ce qu’il paraît. Une dévastation en grand du Palais d’Eté s’est faite de compte à demi entre les deux vainqueurs. (…) L’un des vainqueurs a empli ses poches, ce que voyant, l’autre a empli ses coffres ; et l’on est revenu en Europe, bras dessus bras dessous, en riant.
(…) Nous Européens, nous sommes les civilisés, et pour nous les Chinois sont les barbares.
Cette même barbarie réaffirmée, près d’un siècle et demi plus tard, permet ainsi aisément de contourner les dispositions de textes internationaux spécifiques tels :
- la Convention concernant les mesures à prendre pour interdire et empêcher l’importation, le transfert de propriétés illicites de biens culturels, adoptée lors de la 38ème séance plénière de la Conférence Générale de l’Organisation des Nations Unies le 14 novembre 1970 ;
- la Convention d’UNIDROIT sur les biens culturels volés ou illicitement exportés, du 24 juin 1995.
Si la première de ces deux conventions n’évoque que le cas des biens culturels volés postérieurement à son entrée en vigueur, il n’en demeure pas moins qu’en son article 10, elle prévoit que les états signataires s’engagent à restreindre par l’éducation, l’information et la vigilance, les transferts de biens culturels illégalement enlevés de tout Etat partie à la Convention.
Il y a lieu de regretter le mutisme de l’Etat Français lors de ce mercantile événement.
Par ailleurs la Convention UNIDROIT prévoit en son article 3 que le possesseur d’un bien culturel volé doit le restituer. Cette Convention n’aurait du reste pas permis à Monsieur BERGER de recevoir la moindre indemnisation compte tenu de la nécessaire connaissance de l’origine frauduleuse de la possession des statues.
Nous ne pouvons qu’espérer, à l’instar de Victor HUGO, qu’un jour viendra où la France, délivrée et nettoyée, renverra ce butin à la Chine spoliée.
Guillaume BARDON
Avocat à Tours